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Les preuves qu'Israel a tué ses propres civils le 7 Octobre

Militaires, policiers, rescapés et journalistes israéliens, n'ont cessé de partager leurs preuves qu'Israel a bien appliqué une sombre directive qui a conduit à tuer des civils israéliens puis accusé le Hamas. Si la presse française reprend sans réfléchir la propagande israélienne, voici le contre récit.



Article d'Asa Winstanley, publié par The Electronic Intifada. Traduit par Yasser Louati


Avant propos du traducteur


Alors que la propagande de l'armée et du gouvernement israéliens ont été repris sans précaution aucune par la presse française, j'ai pris l'initiative de traduire ce papier qui répetorie tous les éléments publiés ces dernières semaines sur les morts civils israéliens tués par l'armée de leur propre pays. Alors qu'un des porte parole de la résistance avait rejeté les accusations de meurtres de civils et avait en retour accusé l'armée israélienne d'avoir appliqué la directive Hannibal qui prône un usage maximal de la force quitte à tuer des civils israéliens, afin qu'ils ne soient pas pris en otage, personne n'a remis en question les déclarations de Benyamin Netanyahu et de ses relais en France. Cet article expose les bombardements des kibboutz par les hélicoptères israéliens, reprend les témoignages des survivants israéliens et même ceux d'un major de l'armée qui pointe ce qui semble être un évidence pour lui.



Les preuves qu'Israel a tué ses propres civils le 7 Octobre par Asa Winstanley

Un major de l'armée israélienne à la retraite a admis qu'Israël avait probablement tué certains des 1 200 Israéliens qui auraient été, selon le gouvernement israélien, assassinés par le Hamas le 7 octobre.


Ces aveux, découverts par The Electronic Intifada, sont l’une des confirmations les plus avérées à ce jour qu’Israël a tué un grand nombre, sinon la plupart, des civils morts au cours de l’offensive palestinienne.


Samedi, il fut révélé qu'une source officielle israélienne avait conclu pour la première fois que les tirs israéliens avaient touché au moins certains Israéliens.


Cet ensemble croissant de preuves sape le récit officiel israélien selon lequel de sauvages terroristes palestiniens ayant envahi Israël et déterminés à massacrer des civils. Le Hamas maintient que ses cibles étaient militaires et que l’organisation n'a pas intentionnellement tué de civils.


L’aveu de l’officier israélien est apparu dans une série de vidéos publiées le 7 octobre sur Legacy Conversations, une obscure chaîne YouTube gérée par des vétérans de l’armée et de la police du régime de l’apartheid en Afrique du Sud.


Leur invité vedette est un homme né en Afrique du Sud qui s’est installé en Israël à l’âge de 18 ans et a passé 29 ans dans l’armée. Il avait participé à l’invasion du Liban en 2006 et à l’invasion de Gaza en 2014.


Le vétéran est nommé « Major Graeme », en utilisant les pseudonymes apparents « Graeme Ipp » et « Graeme I ».


Dans une vidéo publiée seulement une semaine après le 7 octobre, le major Graeme a déclaré que les prisonniers israéliens détenus par les Palestiniens avaient été « probablement tués par des frappes aériennes israéliennes lorsque l’armée de l’air (israélienne) a attaqué des véhicules qui rentraient à Gaza ».


S’exprimant près de deux semaines avant le début de la plus large incursion terrestre d’Israel dans le nord de Gaza, le major Graeme a expliqué qu’après les frappes aériennes « il y avait des corps que les forces spéciales sont allées chercher ».





S’il est exact, ce récit suggère qu’Israël tente de dissimuler les preuves selon lesquelles – intentionnellement ou non – il a tué ses propres civils le 7 octobre.


Ce récit souligne à tout le moins la nécessité urgente d’une enquête internationale sur ce qui s’est réellement passé le 7 octobre.


Un groupe anonyme d’Israéliens a de son côté écrit une lettre ouverte appelant à une enquête indépendante. Mais il semble peu probable qu’Israël l’autorise et semble dissimuler les preuves, enterrant certains corps avant qu’ils ne soient identifiés.


Israël n’a également fait aucun effort pour recueillir des preuves médico-légales auprès des organismes appuyant ses allégations de viols et d’agressions sexuelles par des Palestiniens.


Après avoir affirmé pendant plus de trois semaines qu’« au moins 1 400 » Israéliens avaient été tués, Israël a officiellement révisé le 10 novembre son bilan à « environ 1 200 ».


Le porte-parole israélien Mark Regev a admis par inadvertance la semaine dernière que 200 des morts « avaient été si gravement brûlés que nous pensions qu’ils étaient les nôtres, en fin de compte, apparemment, il s’agissait de terroristes du Hamas ».





Cela indique que les bombardements israéliens sur les colonies frontalières de Gaza ont été si intenses et aveugles qu'ils ont brûlé vifs de nombreux détenus israéliens ainsi que les combattants palestiniens.


La suggestion du major Graeme semble être confirmée par une précédente vidéo choquante publiée par Israël montrant une voiture bombardée contenant des cadavres calcinés.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé que la vidéo prouvait que le Hamas utilisait les « mêmes tactiques » que les « terroristes de l’Etat islamique ». L’insinuation était que le Hamas avait brûlé vifs des prisonniers de la même manière que l’Etat islamique avait réservé ce sort à un pilote jordanien en cage en 2015.


Mais les cadavres dans la vidéo semblent avoir été instantanément incinérés par une explosion massive de bombe. Deux des cadavres incinérés – probablement des détenus israéliens – se trouvaient sur la banquette arrière au moment de l’impact. Les corps semblent figés dans une douleur voyante, mais instantanée.


La voiture montre également des signes d'avoir été bombardée depuis les airs, avec le toit complètement tordu et détruit.





Une vidéo de plusieurs frappes aériennes similaires a été mise en ligne par l’armée israélienne dans la matinée du 7 octobre. Le message affirmait que les véhicules étaient « des cibles de l’organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza ».


Si ces véhicules contenaient des détenus israéliens sous la garde de combattants palestiniens retournant à Gaza, il est probable qu’ils aient tous été tués par Israël – mais cela s’est ensuite ajouté au bilan des morts israéliens « assassinés par le Hamas ».


Depuis le 7 octobre, de plus en plus de preuves ont été rapportées en hébreu indiquant qu'un nombre important, quoique indéterminé, d'Israéliens ont été tués par les forces israéliennes lors de l'assaut du 7 octobre.


Ces récits ont été rapportés en anglais principalement par des médias indépendants, notamment The Electronic Intifada, Mondoweiss, The Grayzone et The Cradle.





Un élément clé de ces preuves a été traduit en anglais par The Electronic Intifada le 11 novembre.


Le média israélien Ynet a cité le commandant d’un escadron d’hélicoptères israélien qui a déclaré que le 7 octobre, l’armée de l’air avait envoyé plus de deux douzaines d’hélicoptères d’attaque – ainsi que des drones Elbit – pour tirer tout le long de la frontière de Gaza en utilisant des missiles Hellfire et des mitrailleuses.


Selon le récit de Ynet reposant sur une évaluation préliminaire réalisée par l’armée de l’air, « il était très difficile de faire la distinction entre les terroristes et les soldats ou civils [israéliens] » mais qu'il a quand même ordonné à ses pilotes de « tirer sur tout ce qu'ils voient dans la zone de la barrière » avec Gaza.


« La fréquence des tirs sur des milliers de terroristes était énorme au début, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir leurs attaques et à choisir soigneusement leurs cibles », rapporte le journal, citant une enquête de l’armée de l’air israélienne.


La justification de cette attaque apparemment aveugle était « d’arrêter le déluge de terroristes et les masses meurtrières qui affluaient sur le territoire israélien par les trous de la clôture ».


Mais étant donné que les combattants palestiniens revenaient à Gaza avec des détenus israéliens exactement au même moment où d’autres Palestiniens arrivaient de Gaza ce jour-là, tirer sur « tout » dans la zone de la barrière inclurait nécessairement les détenus israéliens.


Selon l’armée de l’air, au cours des quatre premières heures, ses pilotes « ont attaqué environ 300 cibles, la plupart en territoire israélien ».


La rave Supernova s’est également déroulée très près de la barrière frontalière – entre celle-ci et la colonie israélienne voisine du kibboutz Beeri.





Israël avait initialement affirmé que 260 Israéliens y étaient morts. Ce nombre est ensuite passé à 364.


Samedi, une source policière a confirmé pour la première fois qu'Israël avait tué certains de ses propres habitants lors de la rave du 7 octobre.


Le journal israélien Haaretz a rapporté qu'une enquête policière avait conclu qu'un «hélicoptère de combat israélien arrivé sur les lieux et ayant tiré sur des terroristes avait apparemment également touché certains participants au festival».


Une deuxième source policière anonyme a critiqué Haaretz et a semblé revenir sur cette déclaration le lendemain, mais n’a pas nié qu’Israël avait tué certains Israéliens.


Des images israéliennes diffusées le même jour que l’article de Ynet mentionné ci-dessus montraient ce que l’armée de l’air prétendait être des attaques contre « des terroristes palestiniens s’infiltrant en Israël dans la matinée du 7 octobre ».


Les images semblent montrer des frappes aériennes extrêmement aveugles sur plusieurs voitures civiles, similaires à celles montrées dans la vidéo graphique des cadavres incinérés, ainsi que des tirs de mitrailleuses sur des personnes fuyant et marchant à pied.


Le champ labouré dans la vidéo ressemble beaucoup à d’autres images publiées en ligne de « raveurs » israéliens fuyant l’événement Supernova.



Alors que la campagne génocidaire d’Israël contre Gaza a coûté la vie à au moins 14 000 Palestiniens, les détenus israéliens à Gaza ont également été victimes des bombardements aveugles d’Israël.


La branche armée du Hamas affirme que 60 Israéliens ont été tués jusqu'à présent par les frappes aériennes israéliennes sur Gaza.


Dans la série YouTube sud-africaine, le major Graeme explique la logique militaire.


« Malgré toutes les difficultés et la douleur qu’implique une décision comme celle-là, l’armée israélienne continue comme s’il n’y avait pas d’otages », a-t-il déclaré. Israël « ne peut tout simplement pas se permettre… de permettre au Hamas d’utiliser avec succès ces boucliers humains [israéliens]… cela n’arrivera pas. Alors c'est tout."


Il a également déclaré que « certains contrôles et limites » imposés aux frappes aériennes israéliennes avaient été supprimés.


Le major Graeme faisait peut-être référence à une doctrine militaire israélienne secrète et de longue date connue sous le nom de Directive Hannibal, du nom d'un général carthaginois qui s'est empoisonné plutôt que d'être capturé.


Israël a établi cette doctrine afin de décourager les combattants de la résistance arabe de capturer des soldats israéliens qui pourraient ensuite être échangés dans le cadre d’échanges négociés de prisonniers. En 2011, Israël a libéré 1 027 prisonniers palestiniens en échange d’un seul soldat israélien capturé.


La directive Hannibal a fait l’objet d’une surveillance mondiale accrue après qu’elle ait été utilisée pour tuer un soldat israélien lors de l’invasion de Gaza en 2014. En 2016, l’armée israélienne a déclaré que « l’ordre tel qu’il est compris aujourd’hui » serait annulé. « Cette décision ne constitue pas nécessairement un changement complet de politique mais une clarification », a rapporté le Times of Israel.


Mais la doctrine semble désormais avoir été relancée.


S’exprimant en hébreu sur un podcast de Haaretz, le colonel de réserve de l’armée de l’air Nof Erez a déclaré que ce qui s’est passé près de la clôture était un « Hannibal de masse » et qu’ils avaient imaginé des scénarios similaires pendant 20 ans.



Les forces terrestres israéliennes ont également tué de nombreux civils israéliens.

La première preuve révélée a été le témoignage de Yasmin Porat, une survivante du kibboutz Beeri, l’une des dizaines de colonies israéliennes le long de la frontière avec Gaza que les combattants palestiniens ont attaquées le 7 octobre.


Le récit de Porat a été diffusé en hébreu à la radio israélienne, mais est devenu viral lorsque The Electronic Intifada l’a traduit en anglais le 16 octobre.


Participant à la rave Supernova, Porat s’est enfuie vers Beeri, à proximité, peu après le début de l’assaut.


Elle et une douzaine d’autres Israéliens avaient été capturés par des combattants palestiniens qui, a-t-elle insisté, « ne nous ont pas maltraités. Ils nous ont traités avec beaucoup d’humanité.


Porat a expliqué que leur objectif « était de nous kidnapper pour nous emmener à Gaza. Pas pour nous assassiner. Les combattants avaient apparemment l'intention de les libérer au bout d'un jour.


Les détenus avaient été autorisés à s'asseoir et attendre à l’extérieur dans l’attente de l'arrivée des négociateurs en prises d’otages. Il semble que les Palestiniens souhaitaient une sortie négociée.


Mais avec l’arrivée des forces spéciales, connues sous le nom de YAMAM, la situation a rapidement dégénéré. Les « négociateurs » ayant annoncé leur présence par une pluie de coups de feu surprise.


« Soudain, une volée de balles du YAMAM nous a tiré dessus. Nous avons tous commencé à courir pour nous mettre à l’abri », a déclaré Porat à la télévision israélienne.



Porat a insisté sur le fait que les tirs aveugles « ont éliminé tout le monde, y compris les otages, car il y avait des tirs croisés très, très intenses ». Elle a aussi affirmé avoir vu des cadavres au sol.


La fusillade qui a suivi a duré une demi-heure, culminant avec deux obus de char tirés sur la maison où ils étaient détenus. Porat elle-même n’a survécu que parce qu’elle avait développé un lien avec un combattant palestinien parlant hébreu qui s’est finalement rendu.


Il semble que certains « tirs amis » se soient produits dans la réponse chaotique israélienne à l’offensive du 7 octobre.


Mais il y a des indications selon lesquelles le massacre de civils israéliens par l’armée israélienne pourrait aussi avoir été le résultat d’une politique calculée – ou, comme l’a dit le major Graeme, « de continuer à être mené comme s’il n’y avait pas d’otages ».


Le lieutenant-colonel Salman Habaka s’était précipité au kibboutz Beeri avec deux chars ce matin-là.


« Je suis arrivé à Beeri pour voir le général de brigade Barak Hiram et la première chose qu'il m’a demandée a été de tirer un obus sur une maison », a-t-il déclaré, selon le Guardian. « Nous sommes allés de maison en maison pour libérer les otages. Et c’est ainsi que se sont déroulés les combats jusqu’au soir. Dans les kibboutz et dans les rues.


La bataille pour le kibboutz Beeri a duré deux jours et ne s’est terminée que dans la soirée du lundi 9 octobre.



Durant cette période, selon Haaretz (dans un article qui, là encore, n'a été publié qu'en hébreu), les commandants israéliens à Beeri « ont pris des décisions difficiles – notamment bombarder des maisons avec tous leurs occupants à l'intérieur afin d'éliminer les terroristes ainsi que les otages. »


Cela suggère qu’il y a eu une décision calculée de la part des officiers israéliens d’« éliminer » les détenus israéliens plutôt que de les laisser tomber entre les mains des Palestiniens à Gaza où ils pourraient être utilisés comme levier dans les négociations sur les prisonniers.


Selon The Guardian, 108 habitants du kibboutz Beeri ont été tués lors de l’assaut. « Les corps des morts », a expliqué le journal après une tournée médiatique menée par l’armée le 10 octobre, « ont été amenés et disposés en attendant d’être récupérés » dans la salle à manger commune du kibboutz.


Mais selon le major Graeme dans la vidéo YouTube du 15 octobre, « un grand nombre » de détenus israéliens ont d’abord été détenus vivants par le Hamas dans la salle à manger de Beeri.


"La salle à manger a été prise d'assaut par les forces spéciales", a-t-il expliqué. « D'après ce que j'ai compris, la majorité des otages ont été tués lors de cette tentative de sauvetage. Ils n’en ont sauvé que quatre… Je pense que c’est 14 qui ont été tués.”


Les tactiques militaires brutales et aveugles d’Israël dans le kibboutz Beeri ont été répétées dans d’autres colonies frontalières de Gaza.





L’Electronic Intifada a examiné chaque vidéo et photo publiée sur X (anciennement Twitter) entre le 7 et le 27 octobre par trois comptes officiels israéliens : @Israel, @IDF et @IsraelMFA. Nous avons également procédé à un examen approfondi des reportages des grands médias sur l’assaut contre le kibboutz Be’eri et d’autres colonies frontalières de Gaza.

Nous avons trouvé une multitude de preuves visuelles pour étayer les récits de Yasmin Porat et d’autres selon lesquels l’armée israélienne a attaqué ses propres colonies.


Ces indications importantes selon lesquelles Israël a tué ses propres civils sont généralement enfouies sous des couches de propagande officielle israélienne d’atrocités accusant le Hamas.


L’armée israélienne a traité la colonie frontalière de Kfar Azza (en hébreu signifiant « Village de Gaza ») d’une manière tout aussi brutale que le kibboutz Beeri.


Un reportage vidéo publié par le Washington Post le 10 octobre a brièvement révélé deux bâtiments détruits dans la colonie, qui semblent tous deux avoir été bombardés par des chars.


Israël affirme que les combattants du Hamas ont incendié des bâtiments dans les colonies. Bien que d’autres bâtiments dans la vidéo semblent avoir été incendiés, au moins deux des bâtiments détruits ont été entièrement ou partiellement réduits en ruines.


L’un d’entre eux a été presque totalement rasé, d’une manière étonnamment similaire aux frappes aériennes israéliennes qui anéantissent actuellement Gaza.


La vidéo est loin d'être la seule.


Les incendies ou l’utilisation d’armes légères dont les combattants palestiniens étaient équipés ce jour-là – fusils, grenades, des grenades propulsées par fusée et, dans quelques cas, des mitrailleuses montées sur camion- ne peuvent suffire pour expliquer l'ampleur des destructions.





En revanche, (ces destructions) peuvent s’expliquer par le type d’armement connu pour avoir été utilisé par Israël : obus de char, missiles Hellfire tirés depuis plus de deux douzaines d’hélicoptères Apache.


Ces hélicoptères sont également armés de mitrailleuses de 30 mm qui tirent des obus dont chacun est «comme une grenade à main», comme l’a dit le journal israélien Ynet. Ces canons dévastateurs conçus pour détruire les chars et (sont capables) de tirer environ 600 coups par minute sont présentés dans la vidéo ci-dessus.


Le 7 octobre, « 28 hélicoptères de combat ont tiré au cours de la journée toutes les munitions qui se trouvaient dans leur ventre, faisant plusieurs aller retour pour se réarmer », a rapporté Ynet.


Les boucliers humains d’Israël

Pourquoi le Hamas a-t-il frappé le kibboutz Beeri et 21 autres colonies, bases et avant-postes militaires israéliens en premier lieu ?


Pour comprendre cela, nous devons considérer à la fois l’histoire immédiate et les 141 dernières années d’expulsion et de génocide perpétrés par le projet de colonisation sioniste en Palestine.


Non seulement les colonies frontalières d’Israël sont toutes construites sur des terres palestiniennes, mais elles sont également souvent utilisées comme bases pour stationner les troupes combattant dans les attaques militaires récurrentes d’Israël sur Gaza.


Dans son livre, My Golani Major Graeme explique comment, en 1995, lui et son unité militaire étaient stationnés dans « nos quartiers du kibboutz Kfar Azza ».


Pendant la guerre d’Israël contre le Liban en juillet 2006, il reçut l’ordre d’emmener son bataillon au kibboutz Sassa, dans le nord. Lors de l’attaque israélienne contre Gaza en 2014 – qui a tué 2 251 personnes, dont 551 enfants – le quartier général avancé de sa brigade était basé « non loin des kibboutzim de Kissufim et d’Ein Hashlosha », tous deux proches de la barrière de Gaza et tous deux attaqués le 7 octobre.


La raison pour laquelle les colonies frontalières de Gaza ont été fondées était en premier lieu pour contenir et réprimer l’énorme population civile autour de Gaza, dont la plupart, depuis 1948, est désormais composée de réfugiés. Ces colonies – y compris les kibboutz prétendument socialistes – ont toujours fait partie intégrante de la stratégie militaire israélienne.


Comme l’expliquait récemment Amir Tibon, correspondant de Haaretz et résident du kibboutz Nahal Oz, « nous protégeons la frontière et [le gouvernement] nous protège ».

Les kibboutz sont en réalité des boucliers humains pour Israël.


L’un d’entre eux, fondé en 1951, s’appelle même « Magen » – littéralement en hébreu pour « Bouclier ».


Magen et trois autres kibboutz ont été construits sur les terres du village palestinien détruit de Ma’in Abu Sitta. L'éminent historien palestinien Salman Abu Sitta avait lui même été contraint de quitter le village en 1948 par les forces sionistes à l'âge de 10 ans.



Qu’est-ce qui explique la volonté d’Israël – voire son désir – de voir des Israéliens tués plutôt que de finir sous la garde des Palestiniens ?


Cela commence au sommet.


Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a exhorté le cabinet, peu après le 7 octobre, à « frapper brutalement le Hamas et à ne pas prendre en considération la question des captifs ».


Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rencontré peu après les membres des familles des Israéliens détenus par des Palestiniens. Le groupe l'a poussé à négocier. Mais quatre inconnus rejoignirent soudain la réunion. L'un d'eux aurait déclaré qu'il était prêt à payer de la vie de sa fille captive.


Il s’est avéré plus tard que les visiteurs mystérieux étaient des colons de Cisjordanie infiltrés par le bureau de Netanyahu. La journaliste israélienne Noga Tarnopolsky a de son côté désigné l'homme comme le chef d'une organisation d'extrême droite qui, selon elle, n'avait pas de fille captive.


Dans un reportage vidéo largement visionné en ligne, Clarissa Ward de CNN a interviewé en larmes Tom Hand, un colon d'origine irlandaise arrivé à Be'eri il y a 30 ans. Hand, désemparé, a raconté sa joie après avoir été informé par les autorités israéliennes que sa fille Emily, âgée de huit ans, avait été retrouvée morte.


« J’ai répondu ‘Oui !’ et j’ai souri… si vous savez quelque chose sur ce qu’ils font aux habitants de Gaza, c’est pire que la mort. »


Les autorités israéliennes ont ensuite modifié leur évaluation. Heureusement, on pense maintenant qu'Emily est en vie.


Un autre habitant du kibboutz Beeri a pris une résolution tout aussi sombre. Or Yelin – le fils d’un ancien dirigeant du conseil local – a déclaré à la chaîne israélienne i24 News que lui et sa femme étaient d’accord sur le fait qu’ils préféreraient la poignarder à mort avec un couteau de cuisine plutôt qu’elle soit capturée vivante par le Hamas.


Tout cela est soutenu jusqu’au bout par le gouvernement des États-Unis.


Le président Joe Biden aurait indiqué à Netanyahu que le retour vivant des prisonniers israéliens – même ceux qui sont citoyens américains – était tout à fait facultatif.

« Ce que je lui ai dit, c’est que si c’est possible, pour faire sortir ces gens en toute sécurité, c’est ce qu’il devrait faire. C’est leur décision », a déclaré Biden.


La villa dans la jungle

Qui est réellement responsable de la mort de civils au kibboutz Beeri et dans les autres colonies frontalières n’est pas une question historique abstraite.

La guerre génocidaire menée par Israël contre Gaza a exterminé environ 14 000 Palestiniens dont 40% sont des enfants.


Les États-Unis et la plupart des gouvernements européens soutiennent pleinement ce génocide.


Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a visité les vestiges du kibboutz Beeri pour une tournée de propagande de l’armée israélienne la semaine dernière. Le socialiste espagnol s’était en fait porté volontaire dans un kibboutz il y a plusieurs décennies.


« Rien ne justifie de tuer des femmes, des enfants, des personnes âgées ou de les enlever chez eux », a-t-il déclaré.





L’homme qui dans une infâme déclaration avait divisé la planète entre le « jardin » de l’Europe et la « jungle » du reste du monde avait apporté son soutien à l’entité israélienne, la « villa dans la jungle » autoproclamée.


L’homme n'avait eu aucun respect pour les femmes, les enfants et les personnes âgées morts en Palestine, sans parler des hommes. Il n’a pas non plus mentionné les près de 7 000 Palestiniens actuellement détenus en otages dans les prisons israéliennes, pour la plupart sans inculpation ni procès.


La rébellion armée des Palestiniens contre leur oppression a été décrite comme une violence profane et irrationnelle plutôt que comme une offensive militaire bien planifiée dans la guerre de libération palestinienne.


Ils avaient donc enfreint les règles du « jardin » et de la « villa ».


Haim, le père d’Or Yelin, a ressenti le même mécontentement à l’égard de la résistance : « Ils se promenaient dans Beeri comme si les lieux leur appartenaient », a déclaré l’ancien chef du conseil régional local.


Que les fils de la bande de Gaza – dont 80 pour cent des habitants sont des descendants de réfugiés de la Nakba des Palestiniens en Israël en 1948 – soient réellement propriétaires de la terre sur laquelle il vit ne lui est jamais venu à l’esprit.


S’exprimant récemment à la télévision israélienne, un autre habitant de Be’eri a exposé en termes crus la logique génocidaire du sionisme.


« Je ne retournerai à Beeri que lorsque le dernier Palestinien aura été anéanti. Je m’en fiche si ce sont des enfants, des personnes âgées, des gens avec des béquilles qui sont venus piller, je m’en fiche. En ce moment, je n’ai de pitié pour personne.


« C’est juste nous. Seulement nous."


Avec des recherches supplémentaires réalisées par Ali Abunimah, Michael F. Brown, Tamara Nassar, Jon Elmer, Maureen Murphy et Refaat Alareer.


Asa Winstanley est journaliste d'investigation et rédacteur en chef adjoint de The Electronic Intifada.


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