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PODCAST “ISRAEL A T IL LE DROIT D’ÉXISTER?” ÉLÉMENTS DE RÉPONSE

Le chantage à l'antisémitisme doit il interdire toute remise en question d'un projet colonial?







Alors que la dernière campagne de bombardements israéliens contre les civils palestiniens a encore été justifiée aussi bien par Emmanuel Macron que par le président américain Joe Biden au nom du “droit d’Israel d’exister” et/ou de “se défendre”, je reprends ici ces arguments avancés pour faire taire toute critique d’un État apartheid né de crimes contre l’humanité. Faut il voir dans toute critique d’Israel ou du sionisme une affirmation antisémite?


La réponse est bien naturellement non mais si bien des antisémite se parent de l’habit de l’antisionisme pour rendre leurs idées légitimes -Dieudonné et Alain Soral l’ont bien démontré-, on ne peut réduire une partie marginale pour discréditer le tout.


Au moment où on vous parle, la campagne de bombardements israéliens semble prendre fin avec un accord de cessez le feu entre les forces d’occupation israéliennes et la résistance palestinienne.


Pendant 11 jours, l’armée d’occupation israélienne a pilonné la bande de Gaza sans distinction. Bâtiments résidentiels, camps de réfugiés, routes menant aux hôpitaux, bibliothèques centre de tests covid, rien n’a été épargné. Au total, le nombre de victimes lui est catastrophique.


248 personnes sont mortes sous les bombes dont 66 enfants. 1900 personnes ont été blessées et le bilan ne cessera de s’alourdir à cause du manque d’accès aux soins. L’élite médicale de Gaza a été en partie décimée avec les bombardements contre les Dr Ayman Abu al-Ouf et Dr Mooein Ahmad al-Aloul , respectivement experts en médecine interne et psychiatre. Dans un Gaza ravagé par les blessures physiques et aux traumatisme, Israel savait parfaitement ce qu’il faisait.


Bombarder le seul centre de tests covid de la bande de Gaza n’était pas non plus un hasard. Et si maintenant l’ONU ose parler de « crimes de guerre », deux ans après le lancement d’une enquête par la CPI pour les mêmes raisons, c’est que la situation est bien pire qu’on ne peut l’imaginer.


On ne compte plus les massacres. Israel a bombardé le camps de réfugiés d’Al Shati et fait 10 morts dont deux enfants. Je pense à Mohammed al-Hadidi dont l’épouse et leur quatre enfants, Suheib, 14 ans, Yahya, 11 ans, Abdelrahman 8 ans et Wisam 6 ans ont tous été tués. Leur crime? Ils rendaient visite à leur famille pour la fête d l’Aïd.


Yousif Abu Hussein, journaliste palestinien


Je pense aussi au journaliste Yousif Abu Hussein mort chez lui sous une bombe alors qu’il continuait de faire son travail depuis chez lui. Quelques jours auparavant, l’aviation israélienne avait bombarde la tour Al Shourouk qui abritait plusieurs médias dont « Voice of Al Aqsa », « La Voix d’Al Aqsa » en français. Pour, le Comité pour la protection de Journalistes évoquait une punition d’Israel pour l’empêcher de faire son travail.

Le 16 Mai dernier, 42 civils dont 16 femmes et dix enfants ont été tués par les bombes israéliennes sur la rue Al Wehda sans que l’opinion israélienne ne s’en émeuve.


Ce cessez le feu, nous savons tous qu’il n’est que temporaire. Il ne met pas un terme à l’occupation israélienne, au blocus de Gaza qui dure depuis 15 ans, à l’exil forcé de 7 millions de palestiniens devenus réfugiés à travers le monde, à l’épuration ethnique de Jérusalem Est et l’expulsion de familles palestiniennes au profit de colons juifs venus de l’étranger comme des États-Unis.


Je ne prends pas la parole dans cet épisode pour seulement faire un bilan des crimes israéliens. Il faudrait une encyclopédie pour ça et les historiens reviendront sur cette parenthèse tragique de l’histoire de l’humanité. Non, je prends la parole pour aller au delà des titres et des chiffres pour décrypter avec vous cette actualité et ce que chacun d’entre nous peut faire. Vous vous doutez bien que je ne suis pas un homme politique en quête de votre, ni une figure médiatique en quête de visibilité et qui doit obéir aux règles imposées par les rédactions….


Pour reprendre ce qu’affirmait mon invité de l’épisode précédent Mr Ahmed Kraira et au grand dam de la presse occidentale, la résistance palestinienne ce n’est pas que le Hamas, c’est tous les palestiniens pour reprendre les propos de la société civile palestinienne.


Le 25 Mai dernier, j’intervenais sur la radio France Maghreb 2 au micro de Christophe Frot et pour celles et ceux qui étaient à l’écoute, le débat avec un chroniqueur a été houleux. France Maghreb 2 est si je puis dire, ma maison radiophonique. J’y interviens depuis des années et on m’a très rarement entendu débattre frontalement avec un autre membre de l’équipe des chroniqueurs.





Mais cette fois ci, il était hors de question pour moi de laisser passer les éléments de langage martelés par les réseaux de l’occupation israélienne en France:


_Le Hamas ne reconnait pas l’État d’israel ou son droit d’exister: Faire cette déclaration ou exiger au préalable le droit d’existence de l’État d’israël est profondément malhonnête: 1) De quel israel parlons nous et selon quelles frontières? Je vais même aller plus loin! Les frontières de 1948? Elles sont le résultat d’une guerre d’agression! Les frontières De 1967? Elles sont le résultat d’une guerre d’annexion? Dans les deux cas, on inclus les colonies ou pas? On va donc légitimer des frontières nées de guerres d’agression? C’est ça votre logique?


Puisque vous écoutez ce podcast, vous allez en avoir pour le temps que vous y accordez. Permettez moi donc de citer l’historien israélien Ilan Pape dans son livre “Le Nettoyage Ethnique de la Palestine”


« LE PLAN DE PARTAGE DE L’ONU »

“Un ONU, âgé de deux ans à peine en 1947, a confié la question de l’avenir du sort de la Palestine entre les mains d’un Comité spécial pour la Palestine, l’UNSCOP, dont aucun des membres ne s’est avéré avoir une expérience préalable dans la résolution de conflits ou en savait assez sur L’histoire de la Palestine.


L’UNSCOP a également décidé de parrainer la partition comme principe directeur d’une solution future. Certes, ses membres ont délibéré pendant un certain temps sur la possibilité de faire de toute la Palestine un État démocratique — dont l’avenir serait alors décidé par le vote majoritaire de la population — mais ils ont finalement abandonné l’idée.


Au lieu de cela, l’UNSCOP a recommandé à l’Assemblée générale des Nations Unies de la Palestine en deux États, liés comme une fédération par l’unité économique. Il a en outre recommandé que la ville de Jérusalem soit établie en tant que corpus separatum sous un régime international administré par l’ONU. Le rapport que l’UNSCOP a finalement élaboré prévoyait que les deux futurs États seraient identiques à l’exception de leur équilibre démographique interne, et il a donc souligné la nécessité pour les deux entités d’adhérer aux préceptes démocratiques libéraux. Le 29 novembre 1947, c’est devenu la résolution 181.2 de l’Assemblée générale.


Il est clair qu’en acceptant la résolution sur le partage, l’ONU a totalement ignoré la composition ethnique de la population du pays. Si l’ONU avait décidé de faire correspondre le territoire sur lequel les Juifs s’étaient installés en Palestine avec la taille de leur futur État, ils ne leur auraient pas donné le droit à plus de dix pour cent des terres. Mais l’ONU a accepté les affirmations nationalistes que le mouvement sioniste faisait pour la Palestine et, en outre, a cherché à indemniser les Juifs pour l’Holocauste nazi en Europe.





En conséquence, le mouvement sioniste s’est vu «attribuer» un État qui s’étendait sur plus de la moitié du pays. Le fait que les membres de l’UNSCOP se soient tournés vers le point de vue sioniste était également dû au fait que les dirigeants palestiniens s’étaient opposés depuis 1918 à la partition de leurs terres. Tout au long de son histoire, cette direction, composée principalement de notables urbains, a souvent échoué à représenter véritablement la population indigène de Palestine; cependant, cette fois, ils ont eu raison et ont pleinement soutenu le ressentiment populaire de la société palestinienne envers l’idée de «partager» leur patrie avec les colons européens venus la coloniser.” Ilan Pape, LE NETTOYAGE ETHNIQUE DE LA PALESTINE, pages 47 et 48****


2) Faut il reconnaitre israel sans reconnaitre l’extermination des palestiniens, les +700 000 palestiniens expulsés par les colons venus d’Europe? 3) Après sa genèse et ses frontières, de quel État parlons nous? L’État apartheid tel que décrit par des ONG comme B’Tselem et human rights watch?


Allez vous dans le même temps reconnaitre à DAESH? Après tout, cette organisation qui se donne le nom d’État Islamique » aussi colonise, expulse, tue, discrimine et agresse comme l’État d’Israel? Un État qui, pour reprendre le terme de B’Tselem, prône la « suprématie juive » au point qu’on peut traverser les quartiers arabes en s’adonnant aux ratonnade et en chantant « mort aux arabes, le tout sous escorte policière?


4) Partout à travers le monde, on rejette l’idée d’États réservés à une ethnie ou un un groupe religieux mais dans le cas d’israël, on accepte qu’un État soit constitué rien que pour les juifs et aux dépens des palestiniens qui doivent payer le prix cher. Mais

_La violence des deux côtés: Mettre sur le même plan, l’occupant et l’occupé. La France se vante de sa résistance mais refuse cette notion même de résistance aux palestiniens. On met donc au même niveau l’agresseur et l’agressé, on les renvoie dos à dos pour ne pas avoir à faire preuve de courage pour se positionner ne faveur de la justice. Imaginez qu’un femme soit victime de viols répétés et que lorsque’elle se met à se défendre, on lui rétorque qu’il faut cesser cette violence parce que la violence c’est pas bien.


_La solution à deux États: Nous savons tous qu’elle est morte et enterrée. Comment peut on encore en parler lorsque la quasi totalité de la Palestine a été annexée par Israel?


_Le Hamas est un groupe terroriste: Cette déclaration nie le droit au palestiniens de résister. Il ne s’agit pas ici de prendre partie pour la Hamas ou d’en être le relais mais de poser une réflexion que le terrorisme intellectuel rend impossible en public. Qui est le terroriste, l’occupant israélien coupable de crimes de contre l’humanité et de crimes de guerre ou l’occupé qui lui renvoie sa violence à la figure?

Si l’État d’Israël n’occupait pas les terres palestiniennes et n’avait pas enclenché une épuration ethnique depuis le début du XXI siècle, le Hamas serait il né?


Je vais quand même continuer


_L’Antisionisme, c’est l’antisémitisme: Le sionisme est né dans les années 1880, la religion juive elle, est plusieurs fois millénaires. Les sionistes eux même étaient athées à l’instar de David Ben Gourion, père fondateur de l’État d’Israel. Le sionisme est une idéologie européenne, nationaliste, suprémaciste et donc raciste mais qui avait besoin d’avoir une part de sacré. Nous sommes donc là face à une idéologie qui se sert d’une religion pour promouvoir un projet politique de conquête, d’épuration ethnique et de guerre permanente. En quoi cela est il différent de l’État Islamique constitué par les terroristes que nous connaissons tous sous le nom de « DAESH »?


Dans les deux cas, nous avons des terroristes qui se réclament du Judaïsme (Haganah, Irgun, Lehi, Haganah et Palmach) et proclament l’État d’Israel, et de l’autre, des groupes terroristes qui se réclament de l’Islam et proclament l’État Islamique. Dans les deux cas encore, ces proclamations se font suite au massacres de civils, leur déplacement forcé et l’épuration ethnique des territoires conquis.


_”Critiquer israël c’est être antisémite”: « Il faut reconnaitre à Israel le droit d’exister »: De quel israel parlons nous? Selon quelles frontières, selon quel régime politique. Dans le premier cas, israel est le seul pays dont les frontières ne sont pas claires. Parlons nous des frontières de 1948, date de la partition par l’ONU pour compenser les Juifs d’Europe pour la Shoah en faisant payer les palestiniens?


Lorsque les palestiniens négocient, on les tue et on vole leurs terres Lorsque les palestiniens manifestent pacifiquement comme récemment pendant la marche du retour Lorsqu’ils s’en réfèrent aux tribunaux israéliens, ils perdent leurs maisons et on les en expulse au profite colons venus pour la plupart des États-Unis. Lorsqu’ils s’en réfèrent aux tribunaux internationaux, Israël refuse de collaborer Lorsqu’ils acceptent de devenir citoyens israéliens, ils n’ont pas de citoyenneté égale aux citoyens juifs au point qu’on leur refuse même le droit d’habiter où ils le veulent.”

Les avis exprimés dans cette production sont ceux du ou des auteurs et ne reflètent pas nécessairementles points de vue du Comité Justice & Libertés Pour Tous.

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